1 – Navigation vers les lieux de pêche

Sur une carte marine de l’Atlantique Nord de 1889 sont tracées deux routes :

  • une, cap vers l’Ouest, vers l’île de Terre-Neuve (lieux de pêche avant ceux d’Islande).
  • une, cap à l’Ouest, puis au Nord vers l’Islande, île située à 1200 miles marins (environ 2200 km) de Paimpol.

A droite, en haut une carte coloriée permet de suivre la route suivie par une goélette en 1876 et les différentes manœuvres effectuées, au cours d’une tempête rencontrée dès la sortie de la Manche, pour pouvoir doubler le sud de l’Irlande avant de continuer sa route vers l’Islande.

Si la pêche de la morue a commencé très tôt sur les bancs de Terre-Neuve, l’Islande à partir du milieu du 19e siècle représentera la majeure partie de l’activité économique de la région. Une charte de l’abbaye de Beauport de 1514 mentionne des pêcheurs de Bréhat à Terre-Neuve.
D’autres témoignages attestent de la fréquentation de ces lieux de pêche dès le début du 16e siècle.

2 – Une morue, c’est quoi ?

Ce poisson tant recherché par nos pêcheurs se trouve en bancs serrés aux abords des côtes de l’Islande. Tout peut être utilisé dans ce poisson, très prolifique, qui se conserve bien, séché ou salé. La morue fraîche est vendue sous le nom de cabillaud.
Chaque goélette, selon le tonnage du navire, pêchait de 30 000 à 100 000 morues environ par campagne. Puis avoir été préparées sur le pont, elles étaient salées et empilées dans la cale.

3 – Terre-Neuve – les graviers

La pêche de la morue était pratiquée par les pêcheurs de la région paimpolaise dès le début du 16e siècle sur les côtes de Terre-Neuve.
La pêche sédentaire (à la morue sèche). Au début les pêcheurs bretons étaient amenés sur place par des navires qui restaient au mouillage dans un havre abrité.
La morue était pêchée à partir de la côte au moyen de chaloupes armées par 6 à 8 hommes.
C’était la pêche à la senne. Les pêcheurs érigeaient à terre un ‘chaffaud’ ou ‘chauffaud’, plateforme en bois construite sur pilotis, où ils pouvaient débarquer les morues et les travailler.
A proximité du ‘chaffaud’ les hommes construisaient des cabanes en bois servant d’habitations.
Sur la grève, on séchait les morues salées, posées à plat, sur un lit de galets appelé ‘grave’.
Les jeunes hommes employés pour faire sécher la morue étaient les ‘graviers’.
La pêche errante (à la morue verte). Elle a lieu sur les ‘bancs’. Pratiquée dès 1530, le navire étant à la dérive, cette pêche se faisait à la ligne depuis le bord du navire. Puis la pêche se faisait à partir de chaloupes (deux par navire), elles étaient parfois reliées au navire morutier.
Dès 1873 les lourdes chaloupes seront remplacées par des doris.
Curieusement la pêche à Terre-Neuve sera occultée par la pêche à Islande immortalisée par Pierre Loti. Le dernier Terre Neuvas appareillera de Paimpol en 1926.

4 – Terre-Neuve – la pêche

Quand vint la période des trois-mâts, la pêche se faisait toujours à partir de petites embarcations, les ‘’doris’’ qui étaient empilés sur le pont jusqu’à l’arrivée sur les bancs de pêche.
Les doris étaient armés par deux hommes, et allaient mouiller des lignes de fond. La morue mordait sur les nombreux hameçons dont ces lignes étaient munies. Chaque doris ramenait son chargement de morues sur le navire (trois-mâts) qui était au mouillage sur le banc.
La morue était traitée, salée et stockée à bord du navire, jusqu’à ce que la cale soit pleine ou que le sel soit épuisé.

En 1852, Louis Morand, armateur paimpolais, achète un brick, ‘’L’Occasion’’ qu’il va armer pour la pêche à Islande. Pour ce faire, il fera appel à un capitaine dunkerquois, François Druel, les gens du Nord connaissant déjà les parages d’Islande. Si les premières campagnes de L’Occasion ne furent guère fructueuses, elles ouvrirent la voie à une période bien souvent nommée ‘’l’épopée islandaise’’. L’apogée de cette période se situe en 1895 avec 80 goélettes armées pour l’Islande.

5 – Paimpol et ses goélettes

Ce tableau donne les caractéristiques de ce navire en bois à 2 mâts et à voiles appelé ‘’goélette’’, d’une longueur de 20 à 30 mètres environ, pouvant porter jusqu’à 500m2 de voilure.
C’était un navire fin et élégant, équilibré et bien résistant, conçu pour affronter la grosse mer dure de l’Atlantique Nord, et les tempêtes soudaines survenant sur les côtes islandaises.

6 – Chantiers et artisans paimpolais

Plusieurs chantiers de construction de goélettes existaient à Paimpol à cette époque générant de nombreux emplois dans le secteur de la construction navale.
Ce qui entraînait du travail pour d’autres entreprises : voilerie, matelotage, ferronnerie, ravitaillement en vivres, etc.

7 – Avant le départ

L’armement des goélettes et les préparatifs du départ entraînaient une grande animation sur les quais de Paimpol – charrettes transportant le matériel nécessaire, les vivres, l’eau et les boissons, les sacs des marins, etc. tout le nécessaire pour la campagne qui allait durer 7 mois ou plus.
Car à cette époque, en Islande, le ravitaillement en vivre et en matériel n’était pas assuré.

La goélette paimpolaise sera particulièrement bien adaptée pour affronter les mers d’ Islande. Elle permet en outre de pêcher à la dérive le long du bord en établissant un gréement.

8 – La pêche à Islande

La pêche de la morue à Islande se pratiquait du bord de la goélette qui se laissait dériver (poussée par le vent et le courant), les pêcheurs s’échelonnaient le long du bord du côté au vent (et des embruns!) pour que les lignes à la traîne raidissent et ne passent pas sous la quille.
La ligne de pêche était composée d’un filin de 80 à 150 mètres, plombé de 3 à 4 Kg, de son arbalète et de 2 gros hameçons (12 cm de long, 5 cm d’ouverture).
L’appât mis sur les hameçons était pendant les premiers jours de la couenne de lard, et dès que les morues étaient prises, on utilisait le cœur et les entrailles du poisson pêché.

La campagne de pêche se déroulait en deux temps. Aux alentours du mois de mai, un ‘’chasseur’’ venait chercher la première pêche. Ce navire, spécialement affrété, en profitait pour ravitailler les goélettes en sel. C’était aussi l’occasion de recevoir du courrier, mettre pied à terre, et se laver en profitant des eaux chaudes islandaises. La goélette, suivant la migration de la morue, remontait vers le Nord par l’Ouest de l’Islande pour sa deuxième pêche.
Cette reconstitution d’une scène de pêche dans le bassin de Paimpol permet de distinguer les ‘’mèques’’, pièces de bois enfichées dans la lisse, sur lesquelles reposent les lignes. Le comptage des morues est réalisé grâce aux langues récoltées dans une manne, pendant que les morues sont stockées dans un parc. Quand celui-ci est plein, les hommes se répartissent la tâche de préparation de la morue, avant qu’elle n’arrive entre les mains du saleur qui les empile soigneusement dans la cale.

9 – Capitaines et Patrons islandais

Titulaires du brevet de ‘’capitaine au cabotage’’ ou de ‘’capitaine pour l’Islande’’, tous étaient des marins chevronnés ayant fait leurs preuves au cours de plusieurs campagnes. C’est à eux que l’armateur faisait confiance pour recruter les jeunes capitaines ou patrons.
Avant le départ, les capitaines recevaient des instructions et des recommandations de leurs Armateurs.

10 – Extraits de journaux de bord

Chaque capitaine tenait un journal de bord sur lequel était mentionné, quart par quart (de 3 heures en 3 heures), la route suivie au compas, la dérive, la direction du vent et sa force, l’état du temps et de la mer, les milles parcourus, les manœuvres effectuées (virements de bord, modification de la voilure), les événements du bord, le nombre de morues pêchées chaque jour.

Les extraits exposés sur ce tableau font état d’événements importants qui permettent de comprendre les conditions éprouvantes et dangereuses dans lesquelles travaillaient les marins.

11 – L’Islande au temps des Islandais

Les goélettes fréquentaient rarement les ports ou les baies situées dans les fjords. Si bien que la vie sur la terre d’Islande était peu connue des pêcheurs.
Lorsqu’ils allaient à terre, c’était surtout pour se ravitailler en eau douce, pour décharger une première pêche, pour débarquer un malade, un blessé ou un marin décédé, ou pour effectuer une réparation.
Ils profitaient de ces brèves escales pour faire un peu de lessive dans les eaux chaudes des lieux fréquentés.

12 – Ils reposent en paix en Islande

Lors de naufrages sur la côte, il arrivait que les corps de marins soient recueillis et enterrés dans des cimetières situés dans les localités de la côte.
De même, lorsqu’il y avait un décès parmi les membres de l’équipage, la goélette relâchait pour débarquer et enterrer la pêcheur décédé.
C’est ainsi que l’on trouve un cimetière assez important à FASKRUDSFYORD ainsi qu’un monument édifié par les gens du pays, à REYKJAVIK dans le cimetière d SUDURGETU en souvenir des pêcheurs français disparus dans la mer d’Islande.

Les marins de ‘L’ Aurore’, commandée par Louis Le Maïgat de Ploubazlanec ne connurent pas cette triste fin. En 1912, la goélette s’échoua sur un banc de sable. Le pasteur Johannenson apercevant de loin le naufrage fit chercher des hommes et trente de ces petits chevaux caractéristiques en Islande. Après une longue traversée à dos de cheval tout l’équipage fut mis en sécurité, pendant que l’épouse du pasteur lui donnait une fille.
Sa famille a fait don au musée de la médaille de sauvetage du pasteur Johannenson, en bonne place près de la maquette de l’Aurore.

13 – Le religieux à Ploubazlanec

A cette époque, la population locale était très croyante et fréquentait assidûment les offices religieux et cérémonies.
Elle avait une grande dévotion aux morts et assistait nombreuse aux services religieux célébrés pour le repos de leurs âmes.
Le mur des disparus en mer, situé dans le cimetière, témoigne du dernier souvenir adressé aux marins péris en mer – la famille édifiait une pseudo tombe et apposait une plaque commémorative ‘’le mémoire ‘’ en souvenir de ceux qui ne reviendraient plus.

14 – Les ‘’Islandais’’ et la foi

D’après les témoignages recueillis, on peut affirmer que les ‘’Islandais’’ avaient une forte dévotion à la vierge et spécialement à la vierge de la chapelle de Perros-Hamon, ‘’Notre Dame de Perros’’.Une statue de la vierge était présente dans chaque goélette.
Durant la campagne, le 15 août, fête de l’Assomption, était une journée chômée.
Le jour du pardon de Sainte-Anne, le 26 juillet, le Capitaine de Ploubazlanec marquait cette fête en offrant un café et un boujaron supplémentaire à son équipage.
Avant le départ pour la campagne, certains marins ‘’faisaient leurs Pâques’’, c’est à dire se confessaient et communiaient car ils seront absents pour le temps pascal.
En cas de décès d’un membre de l’équipage et lors de l’immersion du corps, le capitaine ou un autre membre de l’équipage disait des prières. De même à terre, lorsque le marin décédé pouvait être débarqué et enterré dans la terre d’Islande.
Au départ, au passage de la goélette au large de la Trinité, l’équipage entonnait ‘’L’Avé Marie Stella’’.
En tête du journal de bord était écrit : DNG et DNP ‘’Dieu nous garde Dieu nous protège’’

15 – Les pardons chez nous

Au tem ps des ‘’Islandais’’ deux grands pardons avaient lieu à Ploubazlanec- Le mardi de Pâques, celui de Notre Dame de Perros – Le 26 juillet, celui de Sainte Anne

16 – Les ‘’Œuvres des gens de mer’’

La ‘’Société des œuvres de mer’’ fondée en 1894 était une œuvre catholique destinée à apporter aide et assistance aux pêcheurs sur les lieux de pêche, en soignant les malades et les blessés, et en distribuant le courrier sur les navires rencontrés.
Pour cette action, elle armait un ‘’navire hôpital’’ qui pouvait éventuellement recueillir à son bord les marins ayant besoin de soins par suite de maladie ou d’accidents.

Les caisses de secours

La charité paimpolaise s’intéressa également aux familles des Islandais disparus. Dès 1873, où la flottille perd 15 navires et près d’une centaine d’hommes, Paimpol avait secouru les familles éprouvées.Les Paimpolais ouvriront par la suite des souscriptions en faveur des veuves et des orphelins auxquelles s’ajouteront des dons et des legs. Une ‘’caisse de secours aux marins de la pêche d’Islande’’ fut créée le 10 juillet 1878, financée par des cotisations des membres (marins et armateurs), active jusqu’à la disparition de la dernière goélette. Le 1er janvier 1914, Pierre Loti et Mme Mounet-Sully fondèrent ‘’l’œuvre de la Bouchée de Pain’’, afin de venir en aide aux familles des Islandais.

17 – 18 – 20 Naufrages

Dès le départ de Paimpol à partir de la mi février, en plein hiver, les goélettes rencontraient fréquemment du gros temps.
La mer était très grosse et dure dès la sortie de la Manche, au large des côtes d’Irlande et jusqu’en Islande. La coque du navire et le matériel étaient soumis à rude épreuve.
A l’arrivée sur les côtes d’ Islande, début mars, il fallait affronter les tempêtes de neige et naviguer dans les glaces flottantes en dérive.
En pêche, les tempêtes subites étaient fréquentes, ainsi que les brumes très épaisses.
Ces dures conditions atmosphériques étaient bien souvent à l’origine de nombreux naufrages.
D’autre part, les navires en pêche étaient nombreux et rapprochés dans les mêmes parages, ils devaient effectuer des manœuvres difficiles de dernier moment qui occasionnaient parfois des abordages ou échouages, cause également de la perte de navires et d’équipages.

19 – Sauvetage

La solidarité était grande entre les pêcheurs.

Dès qu’une goélette se trouvait en difficulté, les autres goélettes intervenaient dans la mesure du possible, pour tenter de l’assister mettant en péril bien souvent la vie de leur propre équipage.

Un vitrail de facture moderne, du transept de la chapelle de Perros-Hamon évoque un événement de mer de 1841 relatif à la pêche à la morue à Terre-Neuve.
Un brick, le ‘’Ville du Havre’’, parti de Paimpol en 1841, armé par son équipage et transportant une quarantaine de graviers heurta, de nuit ou par brume, un iceberg et coula…
L’équipage et les graviers réfugiés pendant trente sept heures sur les glaces dérivantes se tournèrent vers la vierge de Perros-Hamon. Ils furent tous sauvés et vinrent en fin de campagne remercier pieds nus la vierge de Perros-Hamon. Seize de ces hommes étaient de Ploubazlanec, le capitaine Méléart étant même natif de Perros-Hamon.

21 – Correspondance

Pendant la campagne de pêche la correspondance était rare, sinon nulle.

Il fallait un départ pour la France(les navires prenant certaines premières pêche) pour pouvoir remettre une lettre.
Lorsque le retour se faisait dans un autre port que Paimpol (Bordeaux, La Rocchelle, etc.) le capitaine écrivait à sa famille et à son armateur.

23 – Pierre Loti

Julien VIAUD dit ‘’PIERRE LOTI est né à Rochefort en 1850. Officier de marine et romancier, il est élu à l’académie française en 1891.
Venu en Bretagne pour la première fois à 17 ans (en 1867), il y revint en 1877, puis à Paimpol en 1884 où il retrouve ses amis de navigation.
Il écrit le roman ‘’Pêcheur d’Islande’’ qui paraît en librairie en 1886.

‘’Ils étaient cinq, aux carrures terribles, accoudés à boire, dans une sorte de logis sombre qui sentait la saumure et la mer. Le gîte trop bas pour leurs tailles, s’effilait par un bout, comme l’intérieur d’une grande mouette vidée ; il oscillait faiblement, en rendant une plainte monotone, avec une lenteur de sommeil.
Dehors, ce devait être la mer et la nuit, mais on n’en savait trop rien ; une seule ouverture coupée dans le plafond était fermée par un couvercle en bois, et c’était une vieille lampe suspendue qui les éclairait en vacillant.’’


Pêcheur d’Islande
Pierre Loti

24 – Guillaume Floury – ‘’Le Grand Yann’’

Né le 16 août 1858 à Ploubazlanec, il naviguait au bornage dès l’âge de 11 ans, puis sur une goélette islandaise ‘’Alice’’ en 1876.
Il a dû rencontrer Pierre Loti lors de son service militaire, du 8 octobre 1878 au 1er décembre 1882, peut-être à Rochefort mais sûrement sur la ‘’SURVEILLANTE’’ en 1882. Pierre Loti en fit le héros de son roman sous le nom de YANN GAOS.
Il décéda à Ploubazlanec en 1899, en mer dans la baie de Paimpol et non en mer d’Islande (roman).

25 – Sylvestre et sa famille

Sylvestre était doublement cousin de Guillaume, par son père et par sa mère. Né le 1er juin 1862, il pratiqua d’abord le cabotage puis la petite pêche de 1880 à 1882. Après son service militaire (du 2 décembre 1882 au 1er juillet 1886), il partit en Islande à la campagne de 1888, fit 25 campagnes jusqu’en 1912 comme matelot, lieutenant et second. Ensuite la petite pêche, le pilotage jusqu’en 1932. Il fut inhumé dans le cimetière de Ploubazlanec en 1934 et non pas ‘’dans les jardins enchantés’’selon le roman de Loti.

26 – Botrel – chants d’Islande

Théodore Botrel (Dinan 1868 – Pont-Aven 1925), chansonnier breton, composa ‘’La Paimpolaise’’
chanson qui le rendit célèbre et qui le fit connaître, en même temps, Paimpol et ses Islandais. Cette chanson est inspirée directement du roman de P. Loti ‘’Pêcheur d’Islande’’. Il composa également ‘’Goélands et goélettes’’, ‘’Mon gars d’Islande’’, ‘’Berceuse Paimpolaise’, etc. L’auteur de ‘’La Paimpolaise’’ et d’autres succès populaires de la Belle Époque, fut à ses débuts chansonnier sur la Butte.

Botrel a complaisamment raconté comment lui avait été inspirée La Paimpolaise :
« Je venais de lire Pêcheur d’Islande et la pauvre Gaud était comme vivante à mes yeux, prostrée mais confiante au pied de la Croix des Veuves. D’un jet je paraphrasais le roman déjà célèbre, décrivant à mon tour et fixant en six couplets le labeur terrible du morutier et l’image de celle qui l’attend au pays breton. La Paimpolaise était née ».

La Paimpolaise

Quittant ses genêts et sa lande,
Quand le Breton se fait marin,
En allant aux pêches d’Islande
Voici quel est le doux refrain
Que le pauvre gâs
Fredonne tout bas
« J’aime Paimpol et sa falaise,
« Son église et son grand Pardon ;
« J’aime surtout la Paimpolaise
« Qui m’attend au pays breton. »

Quand leurs bateaux quittent nos rives,
Le curé leur dit : « Mes bons fieux,
« Priez souvent Monsieur Saint Yves
« Qui nous voit, des cieux toujours bleus. »
Et le pauvre gâs
Fredonne tout bas ;
« Le ciel est moins bleu, n’en déplaise
« A Saint Yvon, notre Patron,
« Que les yeux de la Paimpolaise
« Qui m’attend au pays breton ! »

Guidé par la petite Étoile,
Le vieux patron, d’un air très fin,
Dit souvent que sa blanche voile
Semble l’aile d’un Séraphin…
Et le pauvre gâs
Fredonne tout bas :
« Ta voilure, mon vieux Jean-Blaise,
« Est moins blanche, au mât d’artimon,
« Que la coiffe à la Paimpolaise
« Qui m’attend au pays breton. »

Le brave Islandais, sans murmure,
Jette la ligne et le harpon ;
Puis, dans un relent de saumure,
Il se couche dans l’entrepont…
Et le pauvre gâs
Soupire tout bas :
« Je serions ben mieux à mon aise,
« Devant un joli feu d’ajonc,
« À côté de la Paimpolaise
« Qui m’attend au pays breton. »

Puis, quand la vague le désigne,
L’appelant de sa grosse voix,
Le brave Islandais se résigne
En faisant un signe de croix…
Et le pauvre gâs
Quand vient le trépas,
Serrant la médaille qu’il baise,
Glisse dans l’Océan sans fond
En songeant à la Paimpolaise…
Qui l’attend au pays breton !…

27 – Islandais et guerre de 1914/1918

C’est au retour de la campagne de 1914, en septembre, que les Islandais apprirent que la France était en guerre.
Beaucoup d’entre eux furent mobilisés soit comme marins soit comme soldats.
L’année 1915 vit partir quelques goélettes, mais cette année sonna le glas de la grande pêche.

28 – FAUDACQ dessinateur – peintre de marine

Louis-Marie FAUDACQ est né à Givet (Ardennes) en 1840.
Graveur, dessinateur et peintre de la mer.
Il était inspecteur des douanes à Paimpol et décéda à Ploubazlanec en 1916.

Visite de la Présidente de la République d’Islande Vigdis Finnbogadottir à Ploubazlanec en 1983.

Cette dernière, après s’être recueillie au mur des disparus au cimetière se rendra à la Croix des Veuves*, qui doit son nom à Pierre Loti, s’inspirant de Gaud qui attendra en vain Yann qui ne revint pas d’Islande où ‘’avait été célébrées ses noces avec la mer.’’
*De son vrai nom ‘’Croix Pell’’, la croix éloignée.

Épilogue

En 1935, s’achève cette épopée à la recherche du poisson roi, la morue. L’aventure islandaise aura paradoxalement occulté Terre Neuve, le roman de Pierre Loti n’y étant certainement pas étranger
Le déclin amorcé avec la baisse du prix du quintal de morue et l’inflation du coût de construction des bateaux et de leur entretien. D’autres ports comme Dunkerque commenceront à motoriser leur flottille, accélérant la décroissance de la pêche à la voile. Enfin, l’Islande renforce sa législation en 1922, interdisant le transbordement de la pêche dans ses eaux territoriales, et supprimant la possibilité de deux campagnes. Le port de Paimpol, au fond d’une baie tributaire des marées, ne pourra opérer sa mutation. Seuls aujourd’hui ‘’l’Étoile’’ et la ‘’Belle Poule’’, voiliers école de la Marine Nationale, et répliques des goélettes islandaises y font occasionnellement escale.

La Glycine sera la dernière goélette à rentrer à Paimpol en 1935 sonnant le glas de la pêche à Islande. Cette même année le Butterfly sombrera corps et biens, dernier d’une très longue liste.

Avertissement

Ce livret, conçu et réalisé par l’association Plaeraneg Gwechall, n’est pas un ouvrage à vocation historique, et n’a pas la prétention de retracer les multiples aspects de la pêche à la morue au pays de Paimpol. Il s’inscrit dans la continuité de la visite du musée et du circuit des Islandais en espérant susciter la curiosité sur cette histoire qui aura forgé notre pays.